Xavier Plumas, auteur, compositeur, chanteur et guitariste de Tue-Loup, nous avait surpris en 2009, échappé en figure libre, nous livrant un premier album solo teinté de cuivres sombres et d’électronica tout en dentelle (La gueule du Cougouar). Dévoilé cinq ans plus tard, Le cabinet vaudou des curiosités d’Adèle nous avait enchantés par la délicatesse de sa production et le goût assuré de ses arrangements. En 2018 enfin, tandis que les textes semés sur le posthume de Bashung rappelaient combien l’auteur Plumas figure parmi les plus belles plumes de l’époque, le chanteur Xavier accrochait à son palmarès avec Mayerling un sommet que bien peu peuvent gravir. Son Mont Analogue en quelque sorte (mais achevé quant à lui), comme la référence du titre de son nouveau disque au bouquin de René Daumal.
Ce quatrième album Rose-amère est comme un ciel qui se découvre à chaque titre (neuf sur la version vinyle plus un inédit dans les versions CD et digitales), nous livrant une lumière éclatante, de celles qui ne vous lâchent plus. Il faut dire que la
plupart des morceaux ont été composée pendant le confinement, comme une manière pour Xavier de rester acteur de sa vie, d’échapper à cette réclusion par des marches quotidiennes dans la campagne. Une source d’inspiration pour le sarthois, comme souvent. Ces chansons questionnent le vivant dans son ensemble, l’humain et le nonhumain, le corps comme être sensible et mimant, les voix du rêve et du passé qui nous accompagnent au présent…
C’est lors d’une scène partagée avec le groupe Berikely que Xavier a eu l’idée de confier les arrangements de cet album à ses amis franco-malgaches : le fidèle complice Eric Doboka à la
contrebasse, Bema aux percussions, et Astrid Veigne au chant (déjà remarquée sur La peau des arbres, le dernier Tue-Loup).
En retrouvant également Christian d’Asfeld au piano et Cédric Thimon au saxophone, en leur laissant une belle liberté d’improvisation, Xavier Plumas et ses musiciens ont donné à ces
compositions acoustiques une couleur jazz-folk assez intemporelle, hors mode, où les frontières entre chanson, musique primitive et impro free s’enlacent et s’effacent. Comme nos pensées que la rivière emporte dans la lumière brumeuse du petit matin…
PRIX LIBRE (CHAPEAU)