Fairplay. Liberté, Égalité, Fraternité, la célèbre fresque de Shepard Fairey, alias Obey, visible dans le XIIIe arrondissement de Paris depuis 2016, avait été vandalisée en décembre dernier.
En réponse aux projets de loi « sécurité globale » et « séparatisme », des graffeurs anonymes avaient peint des larmes de sang et rayé la devise républicaine, inscrite sur la fresque monumentale. « Liberté, Égalité, Fraternité » avait ainsi laissé place à « Marianne pleure ».
Deux mois plus tard, une fois que les conditions météorologiques le permettaient, c’est l’artiste américain lui-même qui répond à cet acte de vandalisme, en restaurant et modifiant son œuvre.
Obey a ajouté, dimanche 14 février, une larme bleue sur le visage de sa Marianne.
Alors que l’artiste américain n’avait pas réagi en décembre dernier, il est intervenu lundi 15 février dans une vidéo publiée sur la chaîne Youtube de la galerie Itinerrance. Dans celle-ci, Obey rappelle que son cadeau à la France est un hommage aux victimes de l’attentat terroriste du Bataclan et non une prise de position. « J’aime la devise française, elle incarne parfaitement les valeurs des sociétés démocratiques. L’image n’avait aucun parti pris politique », affirme-t-il. Symbole de la République française, une copie de la Marianne avait été offerte par le Street Artiste au président Emmanuel Macron lors de son arrivée à l’Élysée. Toutefois, Obey a aussi choisi d’apporter une réponse à l’incident en ajoutant une larme qui s’intègre parfaitement sur la fresque : « Je suis du côté des gens qui s’opposent aux injustices », commente-t-il.
L’artiste ne s’est pas limité à la restauration de la fresque murale visible à l’angle de la rue Nationale et du boulevard Vincent-Auriol.
Son studio a réalisé 650 tirages de la Marianne en sanglot, en vente sur le site de la galerie Itinerrance, au prix de 90 euros. Sur celle-ci, il a également ajouté en français la phrase :
« L’action vaut plus que les mots ».
Clin d’œil entre Street Artistes ou récupération artistique et commerciale ? Quoi qu’il en soit, Obey précise que l’intégralité des bénéfices sera reversée à l’association Les Restos du Cœur « parce que leurs distributions sont ouvertes à tous, avec ou sans papiers, et qu’une antenne se trouve sur le boulevard Vincent Auriol, près de la fresque », explique Mehdi Ben Cheikh, fondateur de la galerie Itinerrance, à l’origine du projet Boulevard Paris 13, au « Monde ».
De quoi faire une bonne action tout en apportant un peu de Street Art chez soi.