Dans le paysage de la céramique des années 1950, l’œuvre de Mado Jolain (1921-2019) séduit par sa modernité et les jeux formels que l’artiste a multipliés. La céramiste manifeste très tôt une préférence pour les volumes simples, architecturés et travaillés de telle sorte que l’articulation subtile de l’ombre et de la lumière puisse s’y épanouir.
Au début des années 40, Mado Jolain s’initie à la céramique à l’École nationale des arts décoratifs de Paris et fréquente parallèlement les ateliers de dessin et de sculpture de la Grande Chaumière. Elle y fait la connaissance de son futur mari, le peintre René Legrand (1923-1996). Sa production reflète alors le goût de l’époque pour l’imagerie populaire, épis de faîtage et coqs stylisés côtoient des scènes religieuses, ensembles régulièrement présentés au Salon de l’Imagerie et au Salon des Artistes Décorateurs.
Le succès est certain. Colette Gueden, la grande prêtresse de Primavera, fait appel à son talent, bientôt relayée par les galeries parisiennes, l’Arcade, La Porte étroite, la galerie du Siècle ou les décorateurs comme Samardiras et Merceron. En 1955, la prestigieuse galerie La Demeure, qui participe à la renaissance de la tapisserie contemporaine tout en mêlant l’objet céramique, l’expose. La vraie nature de son travail se révèle. L’élaboration et la construction de l’objet l’intéressent davantage que le décor qui va désormais tendre vers l’abstraction. Ses formes toujours utilitaires sont inédites, en témoignent ces grands plats au col pincé ou le Vase Pichet à poignée donné récemment par la famille au musée La Piscine.
À la fin des années 50, Mado Jolain s’installe avec sa famille sur les bords de la Marne, à Champigny, elle quitte alors le monde de la maison pour celui des jardins créant des “capteurs de lumière” qui enrichissent le monde végétal. Ce sont d’abord des jardinières et des cache-pots enrobés d’un émail monochrome jaune ou vert anisé, puis des engrenages et des fleurs. Les formes s’épurent, gagnent en force, les stries et perforations deviennent les seuls décors s’articulant autour des pleins et des vides pour l’accroche de la lumière.
Cet hommage rendu par La Piscine permettra au public de découvrir l’œuvre d’une céramiste dont l’esprit libre épris de rigueur a compté dans le renouveau de la céramique des années 1950-1960.
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