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Date : 04-10-2025 16:36:57
Le Théâtre de l’affaire Zébulon
Attendez, ce n’est pas fini ! Les procès Sarkozy continuent !
Après l’affaire libyenne, voici l’affaire de la fausse rétractation de Takieddine, le grand numéro du théâtre politique français, joué par une troupe de vedettes au bord du ridicule. Entrez, messieurs-dames, le rideau s’ouvre sur L’affaire Zébulon !
On l’a souvent dit : Sarkozy, c’est un ressort sous tension. Même assis, il gigote ; même condamné, il complote ; même désavoué, il rebondit. Dans le texte de la République, il est cette parenthèse nerveuse qu’on ne parvient jamais à refermer. L’affaire Takieddine, c’est ça : un petit homme qui refuse de tomber, quitte à transformer le droit en vaudeville.
Tout commence en 2020. Takieddine, l’intermédiaire aux valises, celui qui jurait que l’argent de Kadhafi avait arrosé la campagne de Sarkozy, change soudain de partition. Une vidéo tremblotante, trente-deux secondes d’hésitation, diffusée par Paris Match et BFM. Miracle ! Il se rétracte. L’ancien président jubile : c’est la rédemption en basse définition.
Sauf qu’en coulisse, les juges découvrent les ficelles : une bande d’intermédiaires, de communicants, d’escrocs, de journalistes domestiqués, et même une épouse au portable magique.
Le complot d’une troupe de bras casses : chacun son rôle, chacun sa grimace d'une pantomine de boulevard.
Commençons par Carla Bruni, l’élégance du portable secret.
Carla Bruni, l’élégance du portable secret
Carla, c’est la grâce feutrée du scandale. Elle ne manigance pas : elle relie. Une hôtesse raffinée qui passe le combiné avec un sourire discret.
On découvre qu’elle possédait un téléphone secret, réservé à Mimi Marchand, la papesse du people. C’est elle, dit-on, qui fait décrocher un test PCR express pour que Mimi file à Beyrouth tourner la fameuse vidéo. Et c’est encore chez elle, dans le bureau conjugal, qu’on apprend la « bonne nouvelle ». De la rétractation.
Sarkozy, interrogé, joue les ingénus : « Mimi ? Elle n’a pas mon numéro, peut-être celui de ma femme… » On croirait entendre un collégien pris avec une clope : C’est pas moi, c’est maman.
Carla devient alors la standardiste de luxe d’une farce judiciaire. Sans elle, le réseau ne bornait pas. Elle n’est pas meneuse, mais sans le salon, pas de scène.
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Mimi Marchand, la barbouze du glamour
Ah, Mimi ! La madone du scoop arrangé, confidente des puissants et des vedettes sous Botox. En 2020, elle se rêve stratège. Son plan : « Sauver Sarko ». Une opération à 600 000 euros pour blanchir dix ans d’affaires dans un décor de sitcom.
Elle orchestre tout : voyage, cash, caméraman, PCR de courtoisie. Elle se donne des airs de marraine, tutoyant Carla, cajolant Sarkozy qu’elle appelle « Zébulon ». Mais la magie tourne vinaigre : les juges suivent les SMS, les vols, les portables. Et quand l’ancien président déclare avoir été « trompé » par elle, Mimi s’offusque : « Ce n’est pas bien, ce n’est pas élégant. »
L’élégance, chère madame, a quitté la salle depuis longtemps.
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Noël Dubus, l’escroc baroque
Voici le clown blanc du cirque. Noël Dubus : professionnel de la combine, poète de l’arnaque, baroudeur des marges. Dans Sauver Sarko, il se proclame chef d’orchestre. Il promet, il organise, il empoche.
Le 17 décembre 2020, il est là, dans le salon de Sarkozy, aux côtés de Mimi. L’ex-président lui offre Le Temps des tempêtes, dédicacé : « Merci pour tout… Votre ami. »
Un chef d’État offrant un autographe à un escroc : on touche au sublime. Dubus, c’est le camelot qui croit diriger la fanfare alors qu’il joue du pipeau.
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Hervé Gattegno et Paris Match, le journal en gilet de service
Sous Gattegno, Paris Match devient un album de famille : couverture pour les puissants, légende à la demande. Mimi le dit sans détour : « À la solde de Sarko. »
Quand les juges interrogent, Gattegno minaude : simple « témoin assisté ». Mais on sait : il fut le tapissier du théâtre, celui qui rend les rideaux plus doux, les ombres plus flatteuses.
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Ruth Elkrief et BFM, la sono du pouvoir
Si Paris Match fit l’imprimerie, BFM assura la sonorisation. Ruth Elkrief, grande prêtresse du direct, écrit à l’attachée de presse de Sarko : « On peut monter ce que vous voulez ! »
Et quelques jours plus tard, plateau grand format, fauteuil moelleux, musique douce. Sarkozy s’y déploie comme à la maison.
L’équipe de Sarko jubile : « Émission décisive ! » Ruth répond : « Je l’espère du fond du cœur. » Du journalisme ? Non : du cocooning médiatique.
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Le clan Sarkozy, SMS et mascarade
Tout se joue sur des portables : « N », « Inès », « Zébulon ». Mimi rôde, Carla connecte, Dubus débarque, les journalistes massent l’égo du chef.
Le décor : un salon chic, des appels codés, une agitation fébrile. On croirait une pièce de Feydeau : portes qui claquent, valises d’argent, coups de fil clandestins, et un mari qui s’exclame : Je ne savais pas !
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Épilogue — De “Sauver Sarko” à “Sauve qui peut”
Au départ, une opération de sauvetage. À l’arrivée, un naufrage collectif. Takieddine s’éteint en 2025, la vidéo fait rire, les juges s’appliquent.
Sarkozy se dit dupé, Mimi se dit trahie, Carla explique qu’elle n’a « fait que prêter son portable ». Dubus brandit sa dédicace, Gattegno s’essuie les mains, Ruth baisse les yeux.
Un ex-président devenu Zébulon, une ex-première dame en opératrice, une communicante reconvertie en barbouze, un escroc en maestro de pacotille, et des médias en attachés de presse improvisés.
Tout cela n’est pas du Shakespeare. C’est du Feydeau sous tranquillisants.
Et naturellement, rappelons-le : tous sont présumés innocents.
Mais, pour CNews et BFM, même condamnés, ils resteront bénis.
C’est la liturgie de la droite : on pardonne aux siens, on conspue la justice.
On connaît la chanson.
Guy Masavi
(inspiré d’un article de Mediapart — Arfi, Laske & Rouget, 3 octobre 2025)
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