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Date : 26-06-2025 10:43:29
Guy MASAVI
Il y a des jours où l’Histoire ressemble à une mauvaise partie de console. Où le président des États-Unis joue à la guerre avec un joystick mais en version nucléaire, avec bonus missile et replay en slow motion.
Des jours où les drones dansent comme des moustiques en été, sauf qu’ils ne piquent pas : ils pulvérisent.
Bienvenue dans l’ère du gamer géopolitique. Le joystick est à Washington, les cibles à Gaza, à Sanaa ou à Téhéran.
La manette vibre, l'écran affiche "Mission accomplished", et les orphelins, eux, attendent leur revanche.
Trump, président par défaut, général par dépit, enfant-roi d’un jeu truqué, ne gouverne pas, il mise.
Il bombarde comme il twittait : sans filtre, sans recul, sans honte.
Un coup il veut bombarder l’Iran, un autre il veut un cessez-le-feu. Puis il n’est « pas content d’Israël ». Puis il change d’avis.
Comme un gosse de huit ans qui pète les règles du Monopoly parce qu’il perd.
Ses ministres prient pendant les frappes comme dans une messe païenne.
Leur foi est intacte, leur humanité beaucoup moins.
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Round 1 : tirer sur des cibles qui ne bougent pas.
L’armée américaine, avec ses 860 milliards de dollars par an (ce n’est plus un budget, c’est un trou noir), bombarde des ennemis dont le PIB est inférieur à celui du Minnesota un jour de pluie. On dirait un combat de boxe entre Hulk et un enfant de CE2, sauf que l’enfant n’a pas de gants.
Et Trump jubile.
Il bénit ses pilotes comme des saints patrons de l’Apocalypse télécommandée.
Il encourage ses ministres comme s’ils géraient un tournoi de poker.
Il choisit ses frappes comme on parie sur un cheval boiteux.
Un immeuble s’effondre ?
« Super. Bravo à tous. Que Dieu vous bénisse. »
C’est Noël au Pentagone. Sauf qu’il n’y a que les bombes qui descendent du ciel.
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À Gaza, c'est “Hunger Games” sans pause pub.
Des gamins jouent à un jeu dont ils ne connaissent pas les règles. S’ils vont trop à gauche, ils meurent. S’ils vont trop à droite, ils meurent aussi. Et au centre ? Il n’y a pas de centre. Il n’y a que la faim, la peur, et un drone au-dessus qui décide si tu as encore une minute à vivre.
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La guerre sans le corps, la mort sans les cris.
La guerre d’aujourd’hui, c’est un écran plat et des points GPS.
Pas de sang, pas de tripes, juste des pixels qui explosent.
Le soldat ne sent plus la poudre. Il sent la climatisation.
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Round 2 : les enfants du feu.
Le round 2 est déjà en train de charger.
Car les enfants de ces guerres, les orphelins du sac de farine, les petits frères des gamins désintégrés à Rafah ou à Saada, ils grandissent.
Ils apprennent.
Ils n’ont plus besoin de kalach rouillée : ils auront des drones aussi.
Des gadgets dernier cri.
Et une haine bien plus vieille qu’eux.
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Et nous, pauvres fous, nous regardons ce jeu de massacre comme on regarde Netflix, en espérant que la prochaine saison ne soit pas chez nous.
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