J ' y vais pour Eesah (prononcer Issa ) Kasuke .
Elle vient de Roubaix et
(La rappeuse Eesah Yasuké
est la première artiste de la région
à remporter le grand prix
du Printemps de Bourges, succédant à des artistes
comme Eddy de Pretto, Fauve ou Fishbach.) La Voix du Nord
« C’est la reconnaissance de mon art, la reconnaissance de mon travail, de notre travail, parce qu’on est une équipe. C’est valorisant et c’est un honneur. » Eesah Yasuké a reçu le grand prix du Printemps de Bourges et ce n’est pas une petite distinction. L’un des festivals français historiques organise chaque année le plus couru des tremplins musicaux du pays, les Inouïs. Quelque 3 500 artistes candidatent et de présélections en sélections régionales, une trentaine d’entre eux sont choisis pour aller se produire dans la cité berruyère – entre deux et quatre artistes des Hauts-de-France par an. Depuis 2012, deux lauréats sont distingués (trois en 2022) et jusqu’alors aucun de chez nous.
Eesah Yasuké a remporté le plus prestigieux des prix, que lui a remis Abd al Malik. « Un poète de renom, ce qui est d’autant plus gratifiant », souligne-t-elle. À part Billie Brelok, les huit lauréats qui l’ont précédée ont tous une carrière honnête au national (Silly Boy Blue, Merryn Jean, Von Pariahs). Last Train est aujourd’hui considéré comme l’un des groupes les plus importants du rock en France, Fishbach est une figure de la french pop. Et que dire des phénoménaux Fauve et Eddy de Pretto ?
Eesah Yasuké propose un rap très bien écrit, imagé, musical et élégant,
tour à tour introspectif et engagé.
Eesah vient des poèmes, de l’écriture.
« Parallèlement, j’ai toujours chanté.
Ceux que j’appelle mes semeurs de graine m’ont dit :
"Tu as une voix, il faut que tu l’exploites".
J’ai décidé de fusionner écriture et oralité. »
Eesah est née Isaiah.
Yasuké est en référence à un esclave africain devenu
en plein Japon féodal du XVIe siècle,
le samouraï noir d’Oda Nobunaga, un puissant gouverneur.
Elle a grandi dans le quartier des Trois-Ponts à Roubaix, puis a travaillé à Lille (où elle vit) à l’accueil de jour de l’ABEJ solidarité comme éducatrice spécialisée auprès de personnes à la rue. « Ce sont des parcours durs à accueillir sur le plan émotionnel. Je me suis alors remise à l’écriture et ça ne m’a pas lâché. » Quand le Covid arrive, « je me suis dit, il va falloir occuper son temps de manière intelligente. J’ai façonné une bulle de sport, de méditation et aussi de création ». Eesah conçoit des titres, de très beaux clips aussi. Son prix lui offre de jouer dans plusieurs festivals de renom et de revenir au Printemps de Bourges 2023, non plus en sa qualité de révélation mais, on lui souhaite, après s’être fait un nom.