after Ciné débat : REMINISCENCE - débat sur skype -
FUYAIT ELLE OU COURAIT ELLE VERS MOI ?
Réminiscence de Lisa Joy
Brain in a vat ? ( le cerveau dans la cuve !). C’est le titre d’un texte de philosophie anglaise en sauce de logique à la Wittgenstein je pense. ça se raccorde bien à ce film féminin en peu de limite à nous faire rêver. Il nous pénètre le substrat supposé de l’âme par le biais de la mémoire disponible pour autre chose que la publicité. Mémoire ! Mes mots rient oserai-je dire entre ROM et RAM de cyber-critique, ce qui nous change un peu des ritournelles de l’ADN et de l’ARN fut-il messager par temps de covid. Le rapport au temps est, avec le corrélat du spatial, le fond de commerce de ce qui en trie-l-heure et en sens-friction,se fabrique de mieux dans l’overside de l’Atlantique.
Justement de l’océan de l’inconscient à celui des profondeurs, ici, il y en a tant et plus au fur et à mesure que l’action se développe. Et nous sortons du film tout mouillé de chaud comme d’une séance de divan freudien. Tout est inondé, élément d’arrière-plan écolo-réchauffo-climatisé dont le scénario va se nourrir comme d’un placenta , en figure classique d’un combat entre le mal et le bien. Inside, il y a une figure de Rubik’s Cube à travers quatre couples dont il va accoucher que c’est le noeud gordien de l’histoire. Le spectateur se doit de rabibocher les morceaux de ce puzzle en 3D.
La technologie du caisson à revivre des états non modifiés de la conscience est utilisée jusqu’au plein à rabord. L’addiction se propose d’en être un dégouliné mais c’est en opposition d’un monde gouverné d’une nouvelle drogue nommée bakka ( ça ne s’invente pas !), et la mode remember constitue même un choix de vie terminale.
La mémoire devient un lieu de refuge pour le bonheur. Le bonheur est passé, c’est bien connu, c’est ce que nous enseigne la vie en conscience de soi . Le film reste donc conventionnel, il oblige le spectateur à la pensée active pour ne pas perdre le fil d’ariane pelotonné d’une mise en scène complexe et intelligente.
L'amour comme souvent est mis en scène dans le légal et l’illégal, mais aussi dans une version en faux plafond dont le plancher va s’écrouler en illusion que tout est plombé d’avance. Bien sûr, les semblants de la morale seront saufs et le tableau final exalte l’amour-amitié comme figure immortelle propre à compenser toutes les séparations.
Dans ce show-room à paillettes translucide qui n’exclue pas l’exhibitionnisme ni le trop plein de satiété, il y a une phrase qui fait signe : elle nous parle de ce que la vérité peut parfois nous être insupportable. Rien que pour ça, le film est à voir et à entendre….